Wednesday, October 29, 2014

Cher Erick...

Cher Erick,

Je vais me permettre de te tutoyer, familiarité à laquelle je ne me suis jamais essayé lors de nos rares échanges de paroles. Je me permets de m’adresser à toi, parce que certains reproches naissants après cette première défaite en 6 matchs m'agacent, vois-tu. 


Quand j’ai livré le schéma tactique et la composition d’équipe avant ce match, personne ne me croyait. Tout le monde trouvait ça invraisemblable: Un 4-3-3 avec 3 milieux défensifs, et un latéral droit de métier en position d’offensif excentré, tu nous as habitué à bien plus couillu ces dernières saisons !
Je crois savoir que ta décision était mue par l'envie de contrer le jeu long et le pressing intense de Nancy. Et puis, le schéma et les gus qui le composent, ça ne veut rien dire, n’est-ce pas ? Tout dépend de la manière dont il est animé, tu le sais bien, vieux renard !


Alors quand j’ai vu ce but de Bonnet dès la première occasion havraise, à la 28’, et que peu de temps après Mendès était à quelques centimètres de remettre le couvert sur un centre du même Alex, je me suis dit que tu avais sans doute raison finalement. A quoi bon, se dépoiler face à un tel adversaire quand on est capable de tant de réalisme et d’actions de jeu aussi imprévisibles que fulgurantes ? Et dire qu'en sus, cet enfoiré d’arbitre caennais oubliait un penalty pour une faute grossière sur Le Bihan, quelques minutes avant de rentrer au vestiaire !

Tout en première mi-temps te donnait raison, mon Erick.
C’était pourtant pas beau, ton milieu de terrain était un peu à la peine à la relance, avec un Modeste M’Bami visiblement pas à l’aise sur ce synthétique. Mais ton équipe était sereine, à l’image d’Abdoulaye Diallo dont les sorties sont de plus en plus rassurantes, solide, comme en témoignait une charnière défensive imprenable, et efficace. Nancy s'essayait et frappait. En vain. 
A l’exception de la sortie d'Issam Chebake sur blessure, remplacé par Le Bihan, ton plan se déroulait sans accroc.

Malgré quelques beaux mouvements en début de seconde période, ta grosse paluche se faisait de moins en moins sentir sur le déroulement de la rencontre quand ta formation ne cessait de se recroqueviller dans ses 30 derniers mètres. 2 avertissements plus tard et alors que les montants de Diallo tremblaient encore, Diagne touchait le cuir de la main sans que cela ne soit signalé par l’arbitre bas-normand, puis Badila le reprenait pour crucifier Diallo.

Ton choix de remplacer Bonnet par Gamboa quelques instants plus tard ne fut pas heureux : cette réalisation lorraine vint du côté gauche. On pourrait te le reprocher. Avec du recul, tu dois sûrement te rendre compte qu'il aurait été plus judicieux de remplacer Mendès sur le côté droit. Tu voulais préserver Bonnet en vue du match de vendredi, n'est-ce pas ?

Bon, 1 point à Picot, ce n’était pas un résultat dégueulasse non plus.
C’est sûrement ce que tu t’es dit lorsque tu as effectué ton dernier changement et en remplaçant cette fois Joseph Mendès par Florian Pinteaux, pour bloquer la prise de vitesse dans le couloir droit, en difficulté.
A quelques minutes près, tu serais reparti avec ce point crucial dans la poche de ton fidèle manteau noir. Mais voilà, encore une fois, la fortune s’est jouée de vous avec un vilain tour sous la forme d’un but de raccroc. A la 90’, un coup de billard dans la surface et un tir dévié par Ikoko: l'euphorie se succède à la frustration. Dur.


Quel enseignement est-ce que je tire de ce match ?
Moi aussi je suis excédé de voir que cette équipe reculer trop dès qu’elle mène au score. C’était sans conséquence jusqu'à présent. Avec la défaite, c'est encore plus exaspérant.
Je comprends aussi la réticence de certains à la vue de cette composition et de ce schéma tactique. On aurait pu et on aurait dû écraser l'adversaire dans le jeu: il n'en avait aucun. Ton équipe est suffisamment douée techniquement pour ne pas subir ce pressing redouté. Reste le jeu long et les duels avec lesquels il aurait fallu effectivement composer. On aurait peut-être perdu, mais dans ce cas, on l'aurait fait avec un peu plus de panache.

Te rends-tu compte aujourd’hui que cette frilosité puisse agacer quand on voit la facilité déconcertante de tes poulains à mettre à mal la défense des hommes de Correa (qui ressemble de plus en plus à Peter Pettigrow) quand elle s’est pris la peine de ressortir proprement et d'enchaîner à quelques touches de balle ?

Nous avons raté le podium pour la seconde fois, c'est vrai. Mais tant que ton équipe gardera le rythme et continuera de prendre des points, il n'y a pas encore péril en la demeure. Nous ne sommes encore qu'à 3 points des premières places. Il faudra donc tout mettre en œuvre pour gagner face à Arles-Avignon, puis à Brest. En jouant, cette fois.

Je vois que commence déjà à naître un certain désaveu : tu ferais jouer ton équipe à la René Girard à l’extérieur. Je crois qu’il ne faut pas généraliser : à Ajaccio le rouge t’y as obligé et à Orléans, tes Ciel-et-Marine n'ont pas joué comme ça. Si l'équipe a reculé c’est parce qu’elle était cuite physiquement. A Marcel Picot, on dirait que tu as effectivement été frileux cette fois. Je crois que tu étais très pessimiste sur l’issue de ce match et que tu as tenté un coup qui aurait pu, mais n’a malheureusement pas, fonctionné.

Ces gens qui prennent de tels raccourcis se rendent-ils seulement compte qu’il y a un an encore, ils te critiquaient alors parce que ton équipe étaient trop joueuse ? Parce que tu privilégiais le jeu au résultat ? Parce que tu refusais de t’adapter à l’adversaire ?
Réalisent-ils aujourd'hui que tu as mis ça de côté pour un temps parce que tu as sûrement compris que cela était trop compliqué ainsi pour espérer sortir de la ligue 2. Que tu sens peut-être qu'il est possible d'accéder à l'étage supérieur où tu pourrais enfin reprendre ces principes de jeu qu'il te répugnait tant de bafouer. Et puis, il y a un juste milieu à trouver, non?

Moi, je me souviens que les matchs du HAC les plus spectaculaires et les plus aboutis dans le jeu, je les ai vu sous ton ère. Je sais que les entrainements professionnels les plus impressionnants techniquement auquel il m'ait été donné d'assister, ce sont les tiens. Je sais que tu colles parfaitement à l'image de club formateur du club doyen. J'apprécie que tu sois comme le club, boudé par les médias, et comme la ville, austère au premier abord mais si classe quand on prend la peine de la découvrir. C'est sûr que tu peux te balader du côté de la gare sans crainte de te faire agresser: tu n'as pas franchement une tête de clown! Et puis, j'aime à te voir courir vers les supporters pour les remercier ou réagir sur ton banc en ce moment, on sent que tu t'éclates!


Je me souviens une fois t'avoir demandé si tu allais bien alors que tu rejoignais tes joueurs et toi de me répondre, grimaçant "Nan, j'ai des coliques néphrétiques!". Médusé et amusé, je te voyais plié en deux assurer tout de même ton entrainement. Travailleur inlassable. Tête de mule, aussi.
Aujourd'hui encore, Erick, je fantasme toujours que tu deviennes au HAC ce qu'Arsène Wenger est à Arsenal. Et je ne suis pas le seul, nous sommes très nombreux à t'apprécier ici. Tu pues le football: la passion, l'amour du jeu, la culture de la formation... Tout ce qui nous est cher.
Je prie pour que la probable nouvelle équipe dirigeante s'en rende compte et en arrive aux mêmes conclusions. Que tu sois prolongé cet hiver sans que je n'ai trop besoin de relancer le #InErickWeTrust  puis que le HAC monte sous ta houlette. Alors, peut-être, avec le retour de ton football sexy, commencera une longue histoire d'amour comme de celle qui liait Gourcuff et Le Moustoir.

D'ici là, sache que tu as mon soutien indéfectible et que tu as en moi le plus teigneux des avocats.
Ne fais pas trop cas des quelques personnes qui ouvrent leur claque-merde mais mets tout en œuvre pour trouver le bon équilibre entre efficacité et spectacle, d'accord ?

Avec toute mon admiration,

F.



PS: Je sais que tu t'en bats la mèche de ce qu'on peut dire sur toi et que tu ne liras jamais ces lignes, mais comprends-moi, c'est de la rhétorique !

2 comments :

  1. Salut Le Floque,

    C'est une très belle déclaration d'amour, que je partage, mais que je n'aurais jamais pu écrire aussi bien que toi. Félicitations

    Oliv'eure

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  2. Salut Oliv'eure,

    Merci beaucoup.
    J'espère le voir encore longtemps le long du terrain où jouent Ciel-et-Marine.

    Merci de ta fidélité.

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